End The Cage Age : une victoire historique pour les animaux d’élevage
Souvent décriée et moquée de toute part, la démocratie européenne est pourtant bien vivante. Impulsée par une centaine d’associations, légitimée par 1,3 millions de citoyen·ne·s de toute l’UE, renforcée par le travail des eurodéputé·e·s et concrétisée en une future proposition législative par la Commission européenne, l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) “End The Cage Age” est l'exemple parfait de la vitalité démocratique de l’UE et de la pleine utilité de cet instrument qu’est l’ICE pour porter des combats écologistes et animalistes au cœur des institutions européennes.
Après plusieurs années de combat des associations animalistes européennes, c’est une nouvelle étape vers la fin des cages dans l’élevage qui a été franchie ce mercredi 30 juin 2021. La Commission européenne proposera en 2023 une initiative législative qui répondra aux revendications de l’initiative citoyenne européenne “End The Cage Age” qui a récolté 1,39 millions de signatures dans toute l’Union.
Rappelons que sont élevés en cage dans l’Union européenne 112 millions de lapins (97%), 211 millions de poules pondeuses (53%), 35 millions des canards et oies pour la production de foie gras (87%) et enfin 10 millions de truies (87%), (CIWF, 2020).
C’est donc une grande victoire pour tous ces animaux victimes des élevages intensifs, producteurs de souffrance, de mal-être et de cruauté. Nous nous réjouissons de la volonté de la Commission européenne de suivre l’avis du Parlement européen qui avait voté une résolution début juin allant dans le sens des revendications de cette initiative citoyenne.
La résolution du Parlement demandait plusieurs choses. D’une part l’interdiction totale de l’utilisation des cages dans les élevages de l’Union d’ici 2027. Un soutien financier et professionnel fort pour les agricultrices et agriculteurs afin de permettre économiquement et socialement la transition. D’une autre part, un renforcement strict des contrôles dans les importations de produits agroalimentaires afin de faire respecter les exigences et les normes européennes en matière de bien-être animal.
Les écologistes ont été force de proposition au Parlement européen en portant la résolution vers le haut. Nous avons notamment réussi à faire adopter un amendement demandant à la Commission de légiférer vers l'interdiction du gavage cruel des oies et des canards dans la production de foie gras.
Globalement, la feuille de route présentée par la Commission est satisfaisante et va dans le bon sens. Elle prévoit dans un premier temps de supprimer progressivement les cages, puis de les interdire totalement à l’horizon 2027, comme les eurodéputé·e·s l'avaient demandé. Toutefois, ces indications ne concernent que les poules pondeuses, les truies et les veaux. Pour les autres animaux, la Commission européenne a demandé à l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) d’étudier les modalités d’une interdiction des cages pour les autres espèces animales. Nous resterons ainsi vigilants sur les conclusions de l’EFSA afin qu’aucune espèce animale ne reste dans ces cages.
L’élevage, quel qu'il soit, ne peut être source de bien-être pour les animaux. Ainsi, le minimum que nous pouvons et que nous devons faire, est de créer un environnement d’élevage le moins stressant possible en éliminant au maximum toutes les souffrances et violences existantes pour l’animal. L’interdiction des cages dans l’Union va dans ce sens. Mais cette victoire historique doit en appeler beaucoup d‘autres. Car, ne l’oublions pas, si nous nous félicitons de cette avancée pour la condition animale, elle ne doit surtout pas être l’arbre qui cache la forêt de l’élevage intensif dont sont issus ces cages. Supprimer l’élevage en cage ne supprime pas l’élevage intensif ; cette victoire doit ainsi être une étape vers la fin du modèle de l’intensification et de l’industrialisation du vivant animal.