Les paroles s’envolent, les écrits restent.
Juste après les résultats de l’élection européenne de juin qui a vu une progression des groupes d’extrême-droite et un recul des groupes « progressistes » au Parlement européen, la question de la présidence de la Commission européenne et de la reconduction – ou pas – d’Ursula Von der Leyen (VDL) s’est posée.
Le groupe Verts a, dans sa grande majorité, choisi de soutenir cette reconduction et lui a apporté environ 44 voix, ce qui a permis sa réélection acquise à 41 voix de majorité. Le Groupe considérait qu’il fallait la soutenir car, en cas d’échec, toute candidature alternative aurait été pire (ce que nous ne saurons jamais…).
Étrange impression que celle donnée par un gouvernement qui s'accroche à son orthodoxie comme un naufragé à une épave... On a souvent loué l'audace d'Emmanuel Macron, son approche prétendument disruptive, sa modernité…. C'est aujourd'hui son inexorable conformisme qui saute aux yeux. Alors que l'Europe est confrontée à une crise énergétique majeure qui impose de changer de logiciel, il est en vérité l’une des plus robuste amarre qui maintient celle-ci au port du statu quo. C'est le propre des crises que de prendre à revers les gouvernants, et aussi de révéler parmi eux les authentiques visionnaires… Mais l'extrême réticence du pouvoir actuel à envisager une taxation des superprofits est venue aggraver les tensions qui hérissent le champs social de notre pays.
Ne vous laissez pas abuser par le titre de cette note de blog, qui semble osciller entre inspiration Rohmerienne et fable de La Fontaine. Elle porte, à la vérité, sur un sujet qui n'est guère poétique: l'entêtement d'Emmanuel Macron à servir les intérêts du lobby cynégétique au détriment du respect des règles européennes et de la biodiversité. Ma plume se trempera ce soir à l'encre de la colère froide. Comment pourrait-il en être autrement face au double jeu permanent d'un Président Français qui ne cesse de faire de la duplicité un instrument de gouvernement?
En Europe, la victoire de Giorgia Meloni en Italie ne peut laisser indifférent. J'ai bien lu les analyses disant qu'à proprement parler, elle ne s'inscrit pas dans la geste fasciste. J'ai entendu les arguments expliquant que le terreau de sa victoire est davantage social qu' identitaire. Mais rien ne doit nous conduire à banaliser cette victoire. Qui pourrait prétendre qu'il ne s'est rien passé? Au-delà du contexte national, la victoire de "l'union des droites" informe de la puissance polarisante de l'extrême droite qui met sous tension tout le flanc droit du champ politique européen.
Rendons à César ce qui appartient à César. L'idée de cette note de blog m'est offerte par la publication cette semaine d'une étude commandée par mes collègues écologistes, Gwendoline Delbos-Corfield (qui a porté il y a peu au parlement une résolution sur le non-respect des valeurs de l'Union par la Hongrie), et Philippe Lamberts. Leur étude concerne un sujet lourd: la capacité de résistance des États européens à la montée de l'illibéralisme. Ici, en l'espèce, c'est la France qui est passée au crible de l'analyse. Avec les succès électoraux persistants de l'extrême droite dont la banalisation ne doit pas masquer la véritable nature, l'idée de voir le Rassemblement National accéder au pouvoir n'est pas une aimable perspective dystopique, mais une hypothèse malheureusement crédible.
Ce vendredi se réunissaient à Bruxelles les Ministres de l'énergie pour évoquer la crise énergétique en cours. Comment passer l'hiver? La question est soudain l'objet de toutes les attentions. S'il faut trouver un seul mérite aux tensions que nous vivons, c'est que les soubassements géologiques et énergétiques - bref: matériels - des questions économiques et sociales ne cessent de se rappeler à nous, démontrant si besoin que les questions écologiques sont vitales. Pas un secteur ne semble devoir échapper à la question de la rareté des ressources, et de la nécessité de réduire la consommation d'énergie. C'est l'ensemble de notre système social qui est questionné par l'imbrication désormais évidente des questions de la fin du monde et des enjeux de la fin du mois.
En cette rentrée politique, des mots désormais font cortège: fin de l'abondance, pénuries, rationnement. Un vocabulaire de crise inédit dans la bouche de celles et ceux qui le prononcent occupe le devant de la scène. Depuis bien longtemps, ces mots annonciateurs de maux étaient prononcés par les écologistes. Nous alertions dans le désert sur les inéluctables conséquences d’un modèle de société que nos adversaires se sont évertuées sans répit à maintenir en place. Les faits ont parlé pour nous. Nous n'en tirons aucune jubilation. Et nous ne crions pas à la victoire culturelle pour autant. Il n'est pas certain que les esprits soient disposés, au-delà du constat, à la bifurcation écologique que devraient susciter les évènements s'ils étaient véritablement pris à la hauteur de leur gravité.
Été oblige, l'activité du parlement européen va se suspendre. Cette note de blog sera donc la dernière avant quelques temps. Mais qui croit à la force des idées croit à la nécessité de leur partage. Je profite donc de cette interruption momentanée pour remercier celles et ceux qui lisent ce blog et enrichissent ma réflexion de leurs retours critiques. Mon clavier sera certes en pause quelques semaines, mais je ne voulais cependant pas faire silence sans avoir écrit sur un sujet qui est l'un des plus déterminants de la période: une fois de plus, le droit à l'avortement est remis en question. Cette fois, c'est aux États-Unis d'Amérique que l'attaque a été portée. La Cour Suprême américaine a une histoire propre, et la volonté de revenir sur le droit à l'avortement s'inscrit dans le contexte particulier de la bataille culturelle, politique et juridique menée de longue haleine par les conservateurs états-uniens qui entendent revenir sur des décennies d'acquis des mouvements pour les droits civiques et les libertés individuelles.
On a beaucoup écrit, parlé, débattu à propos des conséquences de la guerre en Ukraine sur l'Union européenne. Retour du tragique dans l'histoire, nécessité d'une Europe puissance, dépendances et fragilités mises à nu : les poupées russes des causalités et des conséquences ne cessent de solliciter nos imaginations pour les contraindre d'imaginer un nouvel ordre politique. A la vérité nous sommes bien démunis face aux crises qu'il nous faut affronter. Un monde s'écroule sous nos yeux, sans que nous ne parvenions à impulser les transformations radicales qui découlent de la situation que nous traversons. Les idées mènent le monde. Non pas qu'elles soient supérieures à la matérialité, mais sans une vision du monde charpentée, rien ne fait sens et nous sommes condamnés à vivre sous le joug de l'absurde.
On questionne souvent l'existence d'une conscience politique européenne commune. Je suis de celles et ceux qui postulent qu'elle existe, sous des formes multiples, quoi qu'en pensent les tenants de l'étanchéité absolue de nos imaginaires politiques nationaux. Si l'intérêt de chaque peuple pour ses considérations nationales l'emportent de manière évidente sur ce qui se passe chez ses voisins, les citoyens et les citoyennes de l'Union Européenne, ont de plus en plus conscience que nos destins sont liés. Voilà pourquoi la présidentielle française et les législatives qui s'achèvent à peine ont été largement observées par le reste de l'Europe.
Ma plume transpire. La campagne des législatives vit ses dernières heures et s'achève sous des températures caniculaires qui font ressentir à chacune et chacun quelles réalités s'abritent derrière l'expression dérèglement climatique. La chaleur écrase tout. Le temps qu'il fait peut fonctionner comme un accélérateur de la prise de conscience de la crise écologique globale. Mais sans un travail d'explicitation des causes et d'exposition des solutions à mettre en œuvre, le risque est que la fatalisme climatique l'emporte.