« L’UE n’est pas un encart publicitaire »
En janvier 2022, commencera la Présidence française de l’Union européenne (PFUE), pour une période de six mois. C’est un moment politique important – a fortiori puisqu’il se déroulera en parallèle de la campagne présidentielle. Or, l’organisation de cette présidence est d’ores et déjà marquée par un manque de transparence évident. C’est pourquoi j’ai interpelé le gouvernement et soutenu le travail des organisations engagées à ce sujet.
La PFUE sera l’occasion de faire avancer et légiférer sur des sujets importants : le climat, le numérique, la justice sociale, la fiscalité. Ce sont des dossiers politiques particulièrement difficiles à mener, puisqu’ils vont à l’encontre des intérêts de nombreux lobbies.
Par ailleurs, c’est un moment qui doit nourrir – et être nourri – par le débat public, tant français qu’européen.
Or, les préparatifs pour la PFUE ont commencé depuis plusieurs mois avec une certaine opacité. Ils sont pilotés par Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes, et par la Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne. Or, le gouvernement a choisi de préparer ce moment politique clef avec l’aide des entreprises : ont ainsi été rencontrés, sans tambour ni trompette, EDF, Dassault ou le Medef. M. Beaune a aussi sollicité les contributions de nombreux think tanks européens, sans que nous ayons la liste, ni leur contenu.
La culture du secret et le manque d’informations publiques au sujet de ces échanges sont préoccupants.
Par ailleurs, nous devons être vigilants quant aux relations entre la présidence française et les lobbies. En effet, au prétexte de « partenariats », la présidence tournante a trop souvent été transformée en opportunité publicitaire pour des entreprises en recherche d’influence. Une marque de soda a ainsi financé la présidence roumaine, tandis qu’un fabriquant de voiture a sponsorisé la Finlande.
L’Union européenne n’est pas un encart publicitaire. Et la présidence française ne doit pas être celle des lobbies.
Pour toutes ces raisons, il m’a paru nécessaire d’interpeler M. Beaune. Vous trouverez ci-dessous la lettre que je lui ai adressée, ce 6 octobre 2021.
D’une part, au nom de la transparence, je lui demande de rendre publiques les contributions collectées auprès des groupes d’intérêt et des think tanks.
D’autre part, au nom de la crédibilité des institutions européennes, je lui demande d’assurer que la Présidence française de l’Union Européenne ne sera pas financée par de toxiques mécènes.
Enfin, il faut souligner le travail des organisations de la société civile à ce sujet. Le 12 octobre, Corporate Europe Observatory et L'Observatoire des multinationales ont publié un rapport sur la PFUE, « Une Présidence sous influence », disponible en ligne. De plus, l’ONG foodwatch a lancé une pétition pour demander à Emmanuel Macron et Clément Beaune de s’engager à refuser tout sponsor privé pour la PFUE. Vous aussi, vous pouvez la signer !