Nucléaire : l’entêtement jusqu’où ?

Le 6 juillet dernier le Parlement européen a décidé d’inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie européenne. Vous trouverez sur ce blog les détails de l’analyse que je fais de ce pathétique épisode, que ce soit pour les ambitions climatiques de l’Union européenne ou pour la Démocratie au sein de notre institution…

Derrière ce terme abscons de taxonomie se cache désormais une triste réalité. Le Parlement européen a capitulé en rase campagne face aux lobbies énergétiques en acceptant le pacte faustien rédigé par la Commission sur injonction de la France et qui inclue le gaz et le nucléaire en tant qu’énergie verte de « transition ».

Comme si le gaz et le nucléaire pouvaient contribuer à sauver le climat. Carboné pour l’un, technologiquement obsolète et impossible à déployer dans des délais et des conditions compatibles avec l’urgence climatique pour l’autre, ils sont les deux faces d’une même pièce : celle du statu quo et de la protection des intérêts installés.

Parier sur ces deux sources est donc déjà absurde pour le gaz, énergie fossile et dont on nous répète à longueur de journée à juste titre que sa consommation finance la guerre d’agression de l’Ukraine par la Russie. Quant à ses « alternatives », si elles ne financent pas Poutine, elles sont tout aussi climaticides, sinon plus, comme en témoignent les ravages provoqués aux États-Unis et au Canada par l’exploitation du gaz de schiste.

Mais l’argument en faveur du nucléaire n’est pas moins ridicule.

On nous oppose souvent que les énergies renouvelables ne sont pas fiables car intermittentes. Mais que penser d’un parc nucléaire dont près de la moitié des réacteurs sont aujourd’hui à l’arrêt, nécessitant de facto de recourir massivement au gaz et même depuis peu au charbon !

Avec le réchauffement climatique, les risques de mise à l’arrêt des réacteurs pour incapacité à les refroidir du fait de la pénurie d’eau et de sa température croissante augmentent et continueront d’augmenter.

Mais en plus de ce phénomène global qui rend plus vulnérable encore, c’est à dire dangereuse, cette filière, la faillite du nucléaire a encore été illustrée récemment dans ma région avec un enième incident sur le parc nucléaire normand.

En cas d’accident entraînant une coupure de leur alimentation, comme lors du tsunami qui s’est abattu sur la centrale de Fukushima en 2011, les centrales nucléaires disposent de moteurs d’ultime secours diesels censés garantir la continuité du refroidissement des réacteurs.

Malheureusement ces moteurs sont eux-mêmes défaillants et ont tendance à laisser fuir l’huile qui s’enflamme au démarrage !

Ce problème avait été identifié aux USA, pays d’origine de ces moteurs il y a 14 ans ! Mais ça n’a pas empêché EDF d’en commander 56 pour la modique somme d’un milliard d’euros...

Neuf d’entre eux ont brûlé en dix-huit mois dont celui de la centrale de Flamanville qui en est à son troisième incendie.

Cela veut dire concrètement que nos centrales nucléaires ne disposent pas d’un système de sécurité fiable et qu’EDF nous ment en déclarant que le nucléaire français est sous contrôle.

Cela signifie également que ce que l’on nous présente comme une énergie souveraine, c’est à dire sous contrôle de la France et garante de notre indépendance énergétique, s’appuie sur des éléments, et non des moindres, fabriqués à l’étranger et par ailleurs défaillants.

Dérive financière, gestion des déchets ultimes hors contrôle, incapacité à construire de nouvelles centrales et à sécuriser les anciennes, mais quelle mouche a donc piqué le Président de la République à vouloir construire 14 nouveaux EPR dont 2 en Normandie sur le site de Penly ?

Jour après jour, l’analyse des faits doit nous conduire à abandonner au plus vite les vieilles lunes de l’atome et du carbone et de mettre en œuvre un futur énergétique sûr, sobre, écologique et à un coût acceptable pour l’État et les usagers, c’est à dire qui repose sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables.

 

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