Mondial au Qatar et environnement : « Une planète climatisée, c'est ce qu'ils proposent ? »

David Cormand est député européen et ancien secrétaire national d’Europe-Ecologie-Les Verts. Il aime le foot, mais les circonstances de ce mondial lui « coupent l’envie » de regarder.

La planète marque-t-elle contre son camp avec cet événement ?

On est dans est dans un moment de dissonance cognitive, où l’on explique que c’est la fin de l’abondance, que l’on doit changer notre modèle énergétique, qu’il va falloir faire attention cet hiver… et à l’occasion d’un événement, on semble dire « Pas de panique, il y a possibilité de refroidir des stades entiers au milieu du désert ». Non seulement on peut continuer comme avant, mais en pire. C’est anachronique. Le Titanic coule et l’orchestre continue à jouer. Je m’insurge contre cette image terrible qu’on montre aux gosses qui rêvent devant le foot. 

Si la coupe est pleine, est-ce que ce sera celle de trop qui provoquera une prise de conscience ? 

Il y a des gens que ça révulse et ceux qui vont se dire les solutions techniques existent. Si on arrive à organiser un tel événement au milieu du désert, c’est peut-être que la question du réchauffement n’est finalement pas si grave. Le message envoyé par les producteurs de gaz, c’est aussi : « Regardez, on a la solution, on pourrait avoir une planète climatisée ! ».

Et d’ailleurs, il y aura les jeux d’hiver asiatiques en Arabie Saoudite en 2029.

Aux vérités scientifiques répondent une fuite en avant, un délire prométhéen, une volonté de surpuissance de notre modèle actuel. « On ne doit pas changer, il suffit de changer la nature. Il n’y aura peut-être plus de neige dans les Alpes, mais nous, on pourra en mettre dans le désert. »

Appelez-vous au boycott ?

J’aime bien regarder les matchs des équipes nationales mais là, ça me coupe l’envie. Je peux comprendre que les gens soient conscients du désastre mais aient envie de regarder les matchs. En revanche, des entreprises qui lient leur image à cet événement, on peut leur manifester qu’on n’a plus envie d’être leurs clients. 


L’article est à retrouver sur le site de La Montagne (abonnés).

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