Fusion Vivendi/Lagardère : « Les prochains à devoir se bouger les fesses, c’est l’État français »
Le 22 novembre 2022, David Cormand, député européen Europe Ecologie-Les Verts, envoyait une lettre à la Commission européenne lui demandant d’interdire la fusion entre Vivendi et Lagardère — en d’autres termes, le rachat par Vincent Bolloré de Paris Match, le Journal du Dimanche ou Europe 1. Cette semaine, la Commission européenne a lancé une enquête approfondie sur l’OPA de Vivendi sur le groupe Lagardère. Ses craintes portent sur l’édition… et la presse people. Dans Les Jours, David Cormand appelle maintenant l’Etat français à « se bouger les fesses » face aux appétits du milliardaire pour la presse française.
Extraits 👇
Au Parlement européen, le député Vert David Cormand est de ceux qui mènent le combat. Le 22 novembre dernier, en compagnie de trois autres élus, Laurence Farreng (Modem, groupe Renew, centriste), Sylvie Guillaume (groupe socialiste) et Emmanuel Maurel (La Gauche, groupe de la gauche et de l’extrême gauche), il adresse aux commissaires européens à la Concurrence Margrethe Vestager et au Marché intérieur Thierry Breton une lettre avertissant du « risque réel pour la liberté éditoriale » et de la « menace pour le bon fonctionnement de l’écosystème médiatique français » que constitue le rachat de Lagardère par Vivendi. « On ne peut pas dire d’un côté qu’il faut se méfier de Viktor Orbán, explique David Cormand aux Jours, et de l’autre laisser des projets médiatiques s’installer avec derrière un agenda clairement politique. Au fond, l’affaire Zemmour est l’illustration de ça et on sait qu’il y a des précédents dans d’autres pays pourtant démocratiques : c’est l’histoire de Murdoch, de Fox News et Trump. »
Pour David Cormand, l’enquête approfondie est évidemment « une bonne nouvelle » : « Ça signifie qu’à ce stade la Commission a plutôt choisi le filet à “petites mailles” et sur le périmètre le plus large qu’elle pouvait choisir pour investiguer… » Désormais, selon le député européen qui veut demander à la Commission d’organiser des auditions de spécialistes de la chose bolloréenne, le temps qui s’ouvre est plus politique : « Il faut que le truc s’emballe, les prochains à devoir se bouger les fesses, c’est l’État français. Il faut qu’ils disent à Thierry Breton : “Là, ça ne va pas, il faut mettre des bâtons dans les roues de Bolloré.” Pour l’instant, tout le monde trouve que c’est un gros pourri, mais tout le monde le laisse faire. Donc il faut le prendre à la gorge. Fondamentalement, il ne comprend que ça : le rapport de force brutal. »
Article à lire dans la série L’Héritier sur Les Jours (abonnés).