« L’écologie est une pensée et une offre politique complètes »
Pour Mediapart, Fabien Escalona a interrogé diverses figures de l’écologie politique en France, à la recherche de leur doctrine. David Cormand y était particulièrement interrogé, à l’occasion de la sortie de son livre Ce que nous sommes. Repères écologistes (sortie le 25 août, aux éditions Les Petits Matins).
Extraits :
C’est justement pour « faire prendre conscience d’une culture commune », et en rappeler les principales dimensions, que David Cormand vient de publier Ce que nous sommes aux éditions des Petits Matins. « Je voulais affirmer que nous ne sommes pas un mouvement périphérique ou contingent, que nous appartenons à une longue cohorte de personnalités ayant vu les choses différemment », confie-t-il à Mediapart.
« L’écologie est une pensée et une offre politique complètes », écrit-il dans son ouvrage. En son cœur, figureraient la prise de conscience des interdépendances entre les différentes formes du vivant humain et non humain, et la poursuite d’un impératif : « reprendre le contrôle sur ce dont dépend notre subsistance ». L’écologie, insiste l’eurodéputé, constituerait une rupture vis-à-vis des principales forces de droite et de gauche qui ont structuré la vie politique au cours du XXe siècle.
En effet, ces dernières n’auraient fait que se disputer à propos de la répartition d’une expansion perpétuelle, dont la course folle menace aujourd’hui l’habitabilité du monde. « Conservateurs, libéraux et sociaux-démocrates […] sont tous co-responsables d’une promesse intenable et cocréateurs d’un monde menacé de barbarie », accuse-t-il. La gauche et la droite ne seraient certes pas des forces identiques, la première défendant davantage les « droits humains et sociaux » que la seconde, mais « les uns comme les autres construisent leurs propositions politiques sur un postulat qui […] nous conduit à la catastrophe ».
Cela étant dit, David Cormand avance toute une série d’idées qui sont des thèses intéressantes, mais qu’il serait peut-être hâtif de considérer comme un socle doctrinal commun aux écologistes.
La force de son livre est ainsi de s’ouvrir sur l’invasion de l’Ukraine par le régime de Vladimir Poutine, et d’esquisser les principes d’une « géopolitique du climat ». Il en profite pour affirmer une différence entre le pacifisme et la non-violence, dont il dénie la valeur « si elle revient à refuser de secourir la victime d’une agression ». Pourtant, dans d’autres partis verts comme dans les rangs d’EELV, une tradition antimilitariste pourrait trouver à redire à cette distinction et à ses implications en termes de diplomatie et de défense.
Un autre exemple est fourni par la manière dont David Cormand conteste vigoureusement les leçons en républicanisme faites aux Verts, pour mieux revendiquer une « République écologique », à laquelle il consacre un chapitre entier.
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