Vote sur la taxonomie : réaction de David Cormand

COMMUNIQUE - LE 6 JUILLET 2022

 

Vote sur la taxonomie : un jour sombre pour l'espérance européenne et la transition écologique

Strasbourg, le 6 juillet 2022 – Aujourd'hui, le Parlement européen a refusé de s’opposer à la stratégie de la Commission européenne sur la taxonomie. Cette dernière pourra donc, par acte délégué, inscrire le gaz et le nucléaire à la liste des activités économiques durables sur le plan environnemental. C’est une aberration à l’heure de la double crise climatique et géopolitique qui s’abat sur notre continent.

Une défaite pour le climat

En 2018, l'UE a adopté une loi visant à créer un label sur les investissements durables dans l'énergie – une taxonomie donc. La loi de 2018 a fixé un cadre, mais la responsabilité d'élaborer les lignes directrices spécifiques a été déléguée à la Commission européenne. En février 2022, la Commission européenne a publié sa proposition d’acte délégué : sous la pression de certains États membres, France en tête, elle proposait de qualifier de durables les investissements dans le gaz et l'énergie nucléaire.

Le Parlement européen aurait pu s’opposer à cette absurdité en votant aujourd’hui une objection à la Commission, déposée par le groupe des Verts, aux côtés d’eurodéputé·e·s d’autres groupes politiques. Le 14 juin dernier, lors du vote en commission, face aux lobbys du gaz et du nucléaire, les député·e·s européen·ne·s avaient tenu bon. Mais aujourd’hui, seuls 278 d'entre eux ont voté contre l’inclusion du gaz et du nucléaire sur la liste des activités « vertes ». 75 voix ont manqué.

David Cormand, député européen Verts/ALE, co-président de la délégation Europe Ecologie-Les Verts, déclare :

« Malgré la mobilisation des élu·e·s écologistes, des forces progressistes au Parlement et de la société civile, la taxonomie scélérate pro-gaz et pro-nucléaire concoctée par les lobbies du statu quo et la France a gagné. Aujourd'hui, l'Europe et la planète ont perdu un vote. C'est un jour sombre pour l'espérance européenne et la transition écologique.

Par ailleurs, si la taxonomie ne concerne aujourd’hui que les capitaux privés, elle pourrait servir dans le futur de base de conditionnement pour le financement de certaines politiques publiques. L'approbation de la taxonomie est une victoire des lobbies et un recul considérable pour des politiques publiques en faveur de la planète et de l'intérêt général. »

L’Union européenne dans le déni

Ce choix du statu quo énergétique est la marque d’un déni du virage énergétique que l’Europe doit accomplir.

Il implique le renoncement vis-à-vis d’une nécessaire sobriété énergétique de notre continent en faveur d’une économie soutenable, d’une amélioration du pouvoir de vivre des habitantes et des habitants grâce à une baisse des dépenses contraintes et à des emplois verts et de la paix en réduisant nos dépendances aux énergies fossiles, qu’elles soient carbonées ou nucléaire.

L’entêtement dans le soutien au couple gaz / nucléaire au détriment de celui que compose la sobriété et les énergies renouvelables est une faute qui affaiblit de manière décisive le Green deal.

Le pacte faustien d'Emmanuel Macron

En cautionnant une stratégie de la Commission consentie sous pression d’intérêts particuliers de certains Etats, les parlementaires abdiquent leur rôle de représentantes et représentants légitimes du peuple européen. 

Elles et ils valident par ailleurs le coup de Jarnac de la France qui a abusé de sa situation politique pour tenter de sauver, au frais de l’Union européenne et au détriment de l’intérêt collectif, le grand cadavre à la renverse que représente l’industrie nucléaire française.

Emmanuel Macron a fait un pacte : il s’est associé avec des pays d’Europe centrale et orientale pro-gaz, pour forcer la main de la Commission. Pour sauver un modèle énergétique obsolète, Emmanuel Macron a donc fait le choix de s’associer à la Pologne et la Hongrie, des régimes illibéraux dont les actions menacent trop souvent l’unité européenne.

David Cormand, député européen Verts/ALE, co-président de la délégation Europe Ecologie-Les Verts, déclare :

« Les partisans du nucléaire présentent cette énergie comme décarbonée, en occultant totalement les besoins en uranium et la gestion des déchets, entre autres risques, en en faisant un argument marketing pour le maquiller dans le miroir de l’urgence climatique. Ce faisant, ils obèrent de fait les investissements massifs dans les énergies renouvelables dont il est pourtant largement prouvé qu’ils sont absolument indispensables. C’est un hold-up, qui détournera des milliards d’euros au détriment des renouvelables… »

Capitulation face à la Russie

Enfin, les déclarations de soutien au peuple ukrainien des dirigeants européens resteront lettre morte si les caisses de l'agresseur russe sont régulièrement remplies par nos achats d'uranium et de gaz russes. Le vote pour la taxonomie est donc une très mauvaise nouvelle non seulement pour l’indépendance énergétique du continent européen, mais aussi pour la paix. Selon Greenpeace, la Russie et son géant du gaz Gazprom pourraient gagner 4 milliards d’euros supplémentaires grâce à l’inclusion de cette énergie fossile dans la liste des investissements verts.

David Cormand, député européen Verts/ALE, co-président de la délégation Europe Ecologie-Les Verts, déclare :

« La guerre en Russie nous rappelle douloureusement le lien intime entre les énergies fossiles et les conflits armés. Poutine doit se réjouir du vote qui s'est tenu aujourd'hui, et n'a plus à craindre pour le financement de son effort de guerre. Pour soutenir l'Ukraine, la réponse était pourtant simple : plus de soleil, plus de vent, plus de paix. »

 

Le combat continue

Nous continuerons à nous battre pour que l’Union européenne s’engage sur le chemin de la transition écologique et énergétique.

Des recours juridiques ont été déposés par plusieurs pays européens pour contester cet acte délégué qui contourne la définition adoptée de ce qui constitue une « énergie verte ».

La coalition politique composée de l’extrême-droite, des conservateurs et des libéraux qui a permis à cet acte délégué d’être accepté par le Parlement doit être dénoncée comme ce qu’elle est : une alliance politique contre le climat et l’écologie. 

Les écologistes continueront d’argumenter pour convaincre les investisseurs de ne pas soutenir des secteurs obsolètes, dangereux et contraires à la protection du climat, de l’environnement et des générations futures.


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