Faire de la BEI la banque du climat ? Tout se joue maintenant.
La crise ne doit pas être pour la BEI, la banque publique de l’UE, un prétexte pour remettre à plus tard ses objectifs écologiques : David CORMAND soutient l’initiative d’une coalition d’ONG interpellant le président de la BEI en ce sens.
Pour faire face à la crise du Covid-19, l’Union européenne a su mobiliser des fonds sans précédent. Une partie de ces fonds seront utilisés par la Banque européenne d’investissement (BEI), la banque publique de l’UE, pour lui permettre d’accorder des prêts aux entreprises qui voient leur activité fortement impactée. Toutefois, cette crise ne doit pas être pour la BEI un prétexte pour remettre à plus tard ses objectifs écologiques. David CORMAND soutient l’initiative d’une coalition d’ONG interpellant le Président de la BEI en ce sens.
Quarante milliards d’euros abonderont un « plan de relance » de la Banque, en plus de 20 milliards d’euros de fonds de garanties supplémentaires, avec l’objectif d’atteindre un investissement total de 200 milliards. Ces sommes conséquentes doivent avant tout servir les citoyennes et citoyens fragilisé·e·s par le contexte économique, ainsi que les petites et moyennes entreprises, mais elles doivent également permettre à l’Union européenne de prendre le chemin d’une économie résiliente.
Le rapport de David CORMAND sur les activités de la BEI, adopté en commission des Budgets en mars 2019, soulignait l’importance des engagements pris pour que la Banque devienne la Banque européenne du climat : l’alignement sur les objectifs de l’Accord de Paris dès 2020, la fin du financement des énergies fossiles à partir de 2021, 50 % de dépenses pour le climat et la biodiversité d’ici 2025… Ces mesures doivent être concrétisées, et vite.
La BEI a, en ce sens, entamé une vaste concertation afin de déterminer sa feuille de route pour devenir la Banque du climat. Ce processus de longue haleine ne doit pas être une victime collatérale du contexte économique actuel, et ces travaux doivent se poursuivre, afin d’accélérer la transition de la Banque. Ceci doit en outre s’accompagner des révisions de ses politiques de prêts sectorielles, en particulier sa politique de prêts au secteur des transports, qui doit être publiée cette année. Celle-ci sera cruciale tant les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté depuis 1990 alors que ce secteur contribue considérablement aux hauts niveaux d’émission de l’Europe. Pour tenir les engagements climatiques de l’Union, les aéroports et les autoroutes notamment ne devront plus être financés par de l’argent public.
Dans le même temps, David CORMAND appelle à ce que les prêts accordés par la BEI ne puissent pas soutenir les industries du passé, industries qui pour la plupart ont massivement contribué au dérèglement climatique. Il est crucial que la Banque adosse à tous ses prêts des conditionnalités écologiques, en particulier des plans de décarbonisation, pour chaque bénéficiaire de ces fonds publics.
En complément des engagements écologiques, c’est l’impératif de justice sociale qui doit primer : les salarié·e·s, en particulier les plus précaires, sont durement touché·e·s, et le seront de plus en plus dans les mois à venir. Pour cela, les entreprises recevant des fonds de la BEI ne devraient pas pouvoir verser de dividendes à leurs actionnaires, ou s’engager dans des rachats d’actions, ni augmenter les salaires de leurs dirigeante·s.
L’après-Covid ne peut être un retour au « business as usual ». Cette crise nous a montré, une fois encore, les fragilités de notre système économique, et doit nous rappeler à toutes et tous l’importance des décisions que nous prenons aujourd’hui sur le monde de demain. La Banque européenne d’investissement ne doit pas reculer, au contraire, elle doit accélérer sa transition et contribuer à la construction d’une société sobre et durable.