Budget de l’UE : à la commission de faire une proposition à la hauteur

Pour David CORMAND, la prochaine proposition de budget pluriannuel de l’Union européenne que présentera la Commission ne devra pas seulement faire face à l’épidémie et à ses conséquences : elle devra donner à l’Europe les moyens d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter.

Dès le début de son mandat, la présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Leyen s’est affichée volontariste, proclamant la nécessité d’une Union européenne qui agisse, avec pour priorités le Green Deal et le numérique. Pourtant, elle n’a rien modifié à la proposition de cadre financier pluriannuel (CFP) pour la période 2021-2027, élaborée en 2018 et moins-disante que le CFP existant : comment avec un budget affaibli l’Union européenne aurait-elle les moyens de ses nouvelles ambitions ?

Or, avec la crise sanitaire, les besoins budgétaires seront d’autant plus importants. Ursula Von der Leyen ne s’y est pas trompée, elle a appelé à un nouveau plan Marshall.

Nous attendons donc de la prochaine proposition, que la Commission prévoit de rendre publique le 6 mai, qu’elle soit à la hauteur des discours de la présidente de la Commission : un Green Deal, un Plan Marshall, c’est d’abord un budget plus important pour l’Union européenne !

Augmenter le budget est nécessaire si on prétend répondre à l’urgence sanitaire et économique et se donner les moyens de la transition écologique, indispensable et urgente elle aussi.

Pour augmenter le budget malgré la réticence des États à contribuer plus, il est temps de créer de nouvelles ressources propres. Non seulement cela doit dégager des moyens financiers, mais en plus ces ressources permettraient de pénaliser les activités nocives à l’environnement et d’imposer les activités économiques qui échappent aux États. Nous proposons ainsi de taxer le carbone, le kérosène, le plastique et les transactions financières, ainsi que d’harmoniser l’impôt sur les sociétés.

Il faudra dans tous les cas que les États membres relèvent le plafond des ressources propres : en effet, celui-ci, calculé en pourcentage du revenu national brut européen, s’effondrera avec le PIB. Aux Etats de faire preuve de responsabilité politique, puisqu’ils doivent approuver ce changement à l’unanimité, et à la Commission d’en faire une priorité politique pour assurer la continuité du budget européen dans ces temps périlleux.

A travers ce budget, ce sont les choix politiques de la Commission et des dirigeant-e-s européen-ne-s qui seront mis en œuvre : certains voudraient qu’au prétexte de la crise sanitaire, l’Europe renonce au Pacte vert, renonce aux investissements d’avenir, renonce à la transition écologique de notre économie. Ceux-là n’ont rien compris. L’urgence environnementale n’a pas disparu, le changement climatique est toujours là, l’épuisement des ressources continue. Il ne faut pas repousser à plus tard des décisions que nous devons prendre aujourd’hui : le Green Deal doit rester une priorité.

Le budget des sept prochaines années est crucial car les plus tard d’aujourd’hui seront les trop tard de demain.

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