Mais je dois m’en aller…
Tout le monde s’en fout mais je quitte X.
À partir d’aujourd’hui, 20 janvier, jour de l’investiture à la Maison Blanche, aux Etats-Unis, d’Elon Musk et de ses collègues propriétaires des multinationales américaines du numérique.
Je sais, c’est Donald Trump qui prêtera serment.
Et c’est « lui » qui a été formellement élu.
Mais dans cette affaire, il n’est que le camelot de l’argent roi, l’instrument des ambitions impérialistes économiques des tri-milliardaires états-uniens qui entendent régner sans partage sur les ressources, les économies et les pouvoirs politiques du monde.
Ce nouvel âge de l’hyper-libéralisme est un atlantisme qui a ses véhicules idéologiques, ses outils technologiques et ses lobbyistes pour soumettre nos démocraties et nos nations à leurs diktats.
Le véhicule idéologique est celui du narratif d’extrême-droite, xénophobe, viriliste, brutal et cynique. Derrière ce vernis brun, des intérêts puissants sont escamotés : ceux des puissants, des technocrates et des élites de la Silicon valley.
Il arrive toujours un moment où, pour garantir sa survie, le libéralisme économique s’hybride avec le fascisme. Cela arrive dans les périodes de crises structurelles, lorsque les libéraux ne parviennent plus à donner l’illusion que leur idéologie permettrait une quelconque redistribution et que le « ruissellement » qu’ils promettent s’avère aux yeux de tous être ce qu’il a toujours été : une fable. Par conséquence, leur doctrine ne peut continuer à s’imposer que par l’autoritarisme et la désignation de boucs émissaires.
Le véhicule technologique est l’infrastructure numérique dont ces élites se sont rendues maîtres et rois.
Ces technologies numériques ne sont pas neutres. Elles sont résolument politiques dans le sens le plus pur du terme. Elles acquièrent peu à peu les fonctions qui relevaient jusqu’alors de la souveraineté des États pour se substituer à eux : infrastructures stratégiques dont de défense, l’accès à nos données personnelles, la capacité d’échapper à l’impôt, et même battre monnaie. On l’a vu avec l’engouement pour Trump du secteur des “crypto”…
Elles entendent aussi imposer de nouvelles règles du jeu en matière sociale en “uberisant” l’économie et le travail, nous rendant chaque jour plus interchangeables et précaires.
Mais en plus de tout cela, cette technologie a pris la main sur les réseaux sociaux et les algorithmes qui les commandent. En détenant le pouvoir sur la teneur des interactions entre citoyen·nes, mais aussi sur la diffusion de ce qui les informe, ces firmes dominent l’un des fondements essentiels de nos Démocraties.
X est un archétype de ces outils de guerre géopolitique, politique et économique. Et c’est exactement de cette manière qu’Elon Musk l’utilise.
Ce dont il s’agit, c’est de se servir de cette plateforme pour sculpter nos pays européens et l’Union européenne en fonction de ses ambitions et intérêts. Désormais les mêmes que ceux des États-Unis, puisque nous venons d’assister à la fusion - j’espère provisoire - entre les méga-firmes numériques privées américaines et l’État fédéral des Etats-Unis. Leur agenda va consister à anéantir ce qu’il reste de services publics et de capacité de l’État à agir pour privatiser ces prérogatives.
Et leur projet est de faire de même en Europe pour faire de ses pays les vassaux de leurs entreprises.
Nous sommes donc la cible d’une offensive impérialiste conduite par des intérêts privés colossaux.
J’entends les débats sur le fait de « tout de même rester pour ne pas laisser la place aux trolls d’extrême-droite ».
Mais c’est déjà leur place. Pas à cause du manque de personnes pour leur répondre. Mais parce que les algorithmes travaillent pour eux…
Et dans cette partie, il n’y a qu’eux qui peuvent gagner, dans la mesure où c’est celui qui contrôle la donnée, sa collecte et son usage, qui gagne… Quelle que soit la donnée…
Nos interactions sur X permettent aux stratèges fascistes qui contrôlent l’algorithme de repérer leurs soutiens et de les mobiliser, d’identifier ceux qui hésitent pour les convaincre de voter pour eux, avec tel message ou tel argument.
Mieux encore, en restant sur X en tant que « progressiste », vous donnez le pouvoir à X de savoir quel est le sujet qui vous tient à cœur, ou qui tient à cœur de celles et ceux qui interagissent avec vous, et comment les sensibiliser pour obtenir non pas leur vote pour une candidature d’extrême-droite, mais leur abstention pour une candidature progressiste qui ne sera pas pleinement à leur goût.
C’est là toute la perversité du modèle. Il n’y a pas moyen de gagner contre celui qui contrôle l’algorithme. Quoi que vous disiez, quel que soit votre « succès », chaque « like » ou « partage » que vous engrangez sert l’adversaire.
Au mieux serez vous mis en avant par l’algo au détriment des autres propositions progressistes, jamais au désavantage des amis d’extrême-droite de Musk.
Je vois bien le jeu qui consiste à s’appuyer sur les algorithmes en fournissant des contenus conflictuels et/ou émotionnels puisque ce sont eux qui génèrent le plus d’interactions négatives, et donc le plus de data dont les firmes sont friandes. Mais en prétendant « dompter » l’algo, c’est en réalité l’algo qui vous dompte en vous faisant consentir au champ de bataille et à la tonalité de débat qui servent l’agenda politique de Musk et de ses amis d’extrême-droite. Il suffit de voir à qui profite en France et en Europe la sur-conflictualité du débat politique…
Enfin, ces intérêts impérialistes américains ont leurs lobbys dans nos pays et en Europe. Et le plus puissant de ces lobbys est l’extrême-droite européenne.
Ceux-là même qui versent des larmes de crocodiles sur le déclin européen, notre désindustrialisation, l’abandon de nos cultures et de nos intérêts face à des ennemis extérieurs ; ceux-là même qui n’ont pas de mots assez durs contre l’atlantisme et le libéralisme libre-échangiste, qui prétendent protéger le peuple face aux élites ne sont que les petits télégraphistes des GAFAM américains en Europe.
Nuls autres que les Bardella, Meloni, Orban, Zemmour and co, ne sont plus zélé·es pour faire preuve d’allégeance face à cette ingérence étrangère.
Ils et elles prétendent défendre la liberté d’expression, mais sont avant tout les serviles ventriloques de ceux qui souhaitent obtenir la liberté d’annexer nos pays, notre continent, nos économies et notre souveraineté. Dans cette guerre hybride qui est menée, l’Union européenne est avant tout menacée par ses extrême-droites qui étaient toutes rassemblées pour tenter d’offrir à Musk il y a quelques mois le Prix Sakharov du Parlement européen...
C’est là toute l’ironie de l’histoire. Alors que l’UE s’est dotée de législations qui constituent une ligne de défense solide, même si insuffisante, face aux géants du numérique américains et chinois, les forces politiques les plus déterminées à les faire tomber sont les groupes - je devais écrire « groupies » - des extrême-droites européennes.
Bref, pour toutes ces raisons, il convient d’appliquer et de durcir nos réglementations européennes dans le domaine du numérique, non seulement pour préserver notre souveraineté industrielle, économique et militaire, mais aussi géopolitique et démocratique.
Mais il convient aussi de ne plus consentir à accorder un octet de data aux intérêts économiques qui nous ont pris pour cible et qui sont prêts à tout pour nous dominer, y compris abattre nos démocraties.
Dans le domaine de la stratégie de déstabilisation, les deux choses dont une puissance étrangère a besoin, c’est de la collecte massive d’information et la capacité d’influence. Les réseaux sociaux - et en l’occurrence X - permettent précisément cela à une échelle encore jamais atteinte.
Retirer à X les moyens de nuire en le privant de sa capacité à collecter les données que nous générons est une mesure de base d’auto-défense démocratique qui ne saurait se suffire à elle-même, mais qui est néanmoins indispensable et urgente.
Ce retrait doit toutefois se faire en bon ordre, en organisant notre migration vers d’autres réseaux.
Pour ce qui me concerne, je migre mon compte grâce à l’application développée par HelloQuitteX et je vous invite à faire de même.
Pour ces raisons, je vous invite à me suivre sur Bluesky, Threads, Instagram, LinkedIn et Facebook, et/ou à vous inscrire à l’infolettre ainsi qu’au fil Telegram de la délégation Europe Écologie pour continuer à recevoir nos informations et communiqués.