« Giga Sucrerie » de Grand-Couronne : un contre sens écologique

La société Al Khaleej Sugar (AKS), originaire de Dubaï, a annoncé son intention de construire une giga-sucrerie sur la zone industrielle de Grand Couronne dans la métropole de Rouen. David Cormand explique pourquoi il s’oppose à ce projet.

La nouvelle « giga sucrerie » devra produire plus de 800.000 tonnes de sucre blanc par an à partir de betteraves, à destination exclusive des marchés d’exportation : Maghreb, Italie, Espagne et Royaume-Uni. En complément, l’industriel prévoit de transformer la betteraves en mélasse pour fabriquer de l’agrocarburant (éthanol).

Ce projet, présenté comme vertueux en s’implantant partiellement sur une ancienne friche industrielle, s’avère une menace pour l’environnement et la santé.

Pour fabriquer le sucre et l’éthanol, l’industriel aura besoin de 4,5 millions de tonnes de betteraves. Elles seront produites sur 50.000 hectares recourant massivement aux néonicotinoïdes toujours autorisés en dépit de leurs dangers avérés pour l’environnement et la santé humaine.

Les lieux de production étant mal connectés en train au site industriel, les 4,5 millions de tonnes de betteraves seront acheminées par 100.000 poids lourds par an.

Au delà de l’enjeu climatique, l’impact sanitaire est dramatique dans une métropole déjà fortement touchée par la pollution atmosphérique provoquant au moins 500 décès par anticipation par an.

C’est également un désastre économique avec une agriculture toujours plus industrialisée et tournée vers le gigantisme. Autant d’entraves au développement d’un modèle agricole à taille humaine inscrit dans les filières courtes et durables.

Au moment où l’Europe envisage de remettre en question l’obligation de mise en jachère de 4 % des terres agricoles pour renforcer son autonomie alimentaire il est inacceptable de gaspiller 50.000 hectares pour fabriquer des agrocarburants. En outre, une étude de l’université de Stanford aux États-Unis indique que l’éthanol entraîne une surmortalité de 4 % par rapport aux carburants fossiles.

Enfin, il est important de rappeler que les Émirats Arabes Unis, dont est originaire la société AKS, sont membres d’une coalition avec l’Arabie Saoudite qui mène une guerre coûteuse en vies civiles au Yémen. Ces mêmes Émirats Arabes Unis apparaissent comme soutiens implicites de la Russie dans le conflit en Ukraine.

« Le devoir de préservation de la santé de nos concitoyen.nes et de l’environnement, l’éthique : tout m’amène à m’opposer à ce projet. »
— David Cormand, député européen
 

(Crédits image : © Nicolas TOUSSAINT / HAROPA PORT)

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