Abandon du projet Amazon à Rouen : une victoire de la société civile contre l’État

Le 24 mars, Amazon renonçait publiquement au projet d’entrepôt logistique de 160.000 m² sur la métropole de Rouen. Cette victoire doit beaucoup à la mobilisation des associations et de militantes et militants locaux : collectif Stop Amazon 76, France Nature Environnement et Les Amis de la Terre qui ont engagé des recours.

Ce n’est pas la première victoire puisqu’en 2021 les projets de centre de tri de Fournès (Gard) et d’une plateforme de 185.000 m² à Montbert (Loire-Atlantique) avaient été annulés.

Cependant, au cours du quinquennat Macron, Amazon a acquis plus d’une quarantaine de sites, entrepôts de stockage, centres de tri, représentant une surface totale de plus de 1,2 million de mètres carrés. 

Emmanuel Macron a favorisé ce développement en s’opposant à ce que les entrepôts de commerce en ligne soient inclus dans le moratoire sur les zones commerciales prévu par la Loi Climat.

Le chantre de la réindustrialisation semble totalement indifférent aux études qui indiquent qu’un emploi créé par Amazon détruit plus de 4 emplois dans le commerce traditionnel.

Amazon est également l’une des championnes de la fraude fiscale :  98% des vendeurs auxquels elle a recours ne paient pas de TVA. En outre, elle n’est imposée en France qu’à hauteur 0,46% !

Enfin, alors qu’il défend la réalisation d’une autoroute urbaine inutile et hors de prix pour, soi-disant, « améliorer la qualité de l’air » de la métropole de Rouen, l’État ne voyait pas de difficulté à rajouter 2.200 véhicules par jour pour l’acheminement des 330.000 colis.

En dépit de cette bonne nouvelle pour Rouen, la lutte n’est pas terminée ; Amazon veut toujours construire un entrepôt de 160.000 m² et 5 à 10 centres de distributions par an.

Le modèle que mettent en œuvre les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) est un cauchemar pour notre société. Ce modèle économique repose sur la surveillance de nos vies privées et la collecte de nos données personnelles. Leurs profits s’appuient sur le culte de la consommation qui transforme notre monde en société de « consumation ». Ils accélèrent le déménagement du monde, la désertification des centres-villes et des centres-bourgs avec la destruction des commerces de proximité, l'obsolescence prématurée avec la vente de produits de faible qualité et polluants, peu réparables et fabriqué à l'autre bout du monde. Ils considèrent les gens comme des consommateurs captifs et des travailleurs jetables avec la destruction et l’ubérisation du travail. Des usines sans ouvriers, une agriculture sans paysans, des commerces sans commerçants : voilà leur projet et le monde qu’ils nous promettent. 

Résister à Amazon, ce n’est pas qu’un enjeu local. C’est défendre une autre société qui refuse la concentration des profits, l’uniformisation et la surconsommation. C’est se battre pour la planète, les emplois locaux de qualité, les circuits courts et les liens humains.

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