Nucléaire : « Il y a un énorme travail pour sécuriser le parc actuel »
Le projet de loi sur l'accélération du nucléaire est examiné depuis lundi et jusqu'à jeudi à l'Assemblée nationale, quelques jours après la découverte de fissures à Penly (Seine-Maritime). David Cormand, député normand européen EELV, est l'invité de France Bleu Normandie ce mardi.
Des débats enflammés depuis ce lundi à l'Assemblée nationale autour du projet de loi de relance du nucléaire. Son objectif : accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires à l'horizon 2035, un texte qui intervient après la découverte de fissures à Penly en Seine-Maritime.
"Ce que révèle cette fissure, c'est que cette fissure est grave puisqu'il ne reste plus que trois millimètres d'épaisseur de tuyaux dans l'endroit qui était le plus corrodé. Ça révèle aussi qu'il y a des problèmes de corrosion qu'on n'avait pas anticipé. Il y a déjà un énorme travail à faire pour sécuriser le parc actuel. La France a fait le choix il y a plus de 40 ans, d'être quasiment exclusivement dépendante du nucléaire."
David Cormand estime que que la ministre de la Transition Energétique est "de mauvaise foi. La fissure n'est pas d'hier matin. Elle était prévisible mais si on s'est rendu compte de ces fissures, c'est grâce à un modèle de surveillance du nucléaire et de sécurité du nucléaire français très performant qui est hérité de l'après-Tchernobyl qui a été crée en France avec en gros deux entités, l'IRSN et l'ASN." Cette fusion entre l'expert technique et le gendarme du nucléaire est prévue dans le projet de loi, ce qui suscite la colère des salariés de l'IRSN, certains ont manifesté hier.
L'objectif de 50 % du nucléaire dans la production d'énergie en France Horizon 2035 a été laissé de côté par le Sénat.
"Ils rééditent ce qui a été l'option privilégiée de la France il y a 50 ans. Ce qui est intéressant, c'est qu'on a eu la loi sur l'accélération des énergies renouvelables à quelques semaines où la majorité s'est opposée à ce qu'il y ait des objectifs chiffrés. On revient sur un pourcentage qui était déjà important : 50 % de nucléaire. C'est un choix stratégique extrêmement coûteux et dangereux et encore une fois qui ne répond pas à l'urgence du changement climatique. Tous les experts disent que le réchauffement va très vite. Tous les experts disent que pour contenir le réchauffement climatique, il faut agir avant 2030. Ces nouveaux réacteurs EPR, quand bien même ils respecteraient les délais, ce qui n'est pas le cas, sont prévus pour plus tard", conclut David Cormand.
Interview à écouter sur le site de France Bleu Normandie.