Les Écologistes aux côtés des Juifs de France face à l’antisémitisme (tribune)

David Cormand signe la « lettre aux Français juifs » des Écologistes parue dans Le Point.

La tribune 👇

Nous, les Écologistes, voulons dire aux Français juifs qu'ils nous trouveront toujours à leurs côtés, face à la haine antisémite.

« Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n'ai rien dit, je n'étais pas Juif », Martin Niemöller.

Depuis les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, les tentatives d'embrasement en France se multiplient et amènent à une hausse révoltante du nombre d'actes antisémites. À chaque jour ses insultes, ses menaces, ses tags, ses tentatives d'attaque de synagogue, d'école, de lieu cultuel ou culturel, en France ou ailleurs dans le monde. À Paris, une tentative d'incendie d'appartement ; à Berlin, une synagogue attaquée ; en Espagne, Italie ou au Royaume-Uni, des slogans antisémites entendus dans des cortèges propalestiniens... Au total, en France, près de 600 actes antisémites ont été recensés depuis le 7 octobre. Par cette lettre, nous - parlementaires, responsables politiques, élus locaux, militants écologistes - voulons affirmer toute notre solidarité aux Juives et Juifs de France.

Nous sommes solidaires des Juives et Juifs de France qui pleurent leurs morts, nos morts, dont 35 Français, lâchement assassinés le 7 octobre. Une vie vaut tout autant qu'une autre vie, qu'elle soit israélienne, palestinienne ou française, juive, musulmane, chrétienne ou athée, et nous les pleurons toutes.

Nous sommes solidaires des Juives et Juifs de France qui attendent, comme tout le peuple français, la libération des otages, dont neuf Français.

Nous sommes solidaires des Juives et Juifs de France qui enlèvent leur mézouza de leur porte par peur de voir leur appartement attaqué, comme dans le 20e arrondissement de Paris.

Nous sommes solidaires des Juives et Juifs de France qui gardent leurs enfants à la maison parce que les écoles juives sont une cible privilégiée des terroristes et parce que dans nos écoles la parole antisémite se libère.

Nous sommes solidaires des Juives et Juifs de France qui à l'université font face à des « morts aux Juifs » tagués dans les toilettes ou écrits dans les conversations de promo et même à un salut nazi d'un chargé de TD en plein cours.

Nous sommes solidaires des Juives et Juifs de France qui ne se sentent pas en sécurité sur le chemin de la synagogue, des communautés qui se bunkérisent, parce que les attaques de synagogue sont une malheureuse réalité.

Nous sommes solidaires des Juives et Juifs de France qui ne peuvent dire ni leur solidarité avec le peuple israélien ni l'antisémitisme qu'ils vivent sans être accusés de mentir, de fabuler, de diffamer, d'être plus Israélien que Français, voire d'être Juif avant d'être citoyen de la nation.

Face au péril antisémite et pour éviter de nouveaux crimes antisémites, après Sarah Halimi ou Mireille Knoll, des solutions existent et sont portées depuis longtemps par la société civile. Depuis 2017, Emmanuel Macron et ses ministres successifs de l'Éducation nationale promettent un audit sur l'antisémitisme et la place des élèves juifs à l'école. Il doit être réalisé ! La protection des écoles, des synagogues, des cimetières juifs doit être renforcée. Les référents « antisémitisme » des universités doivent être dotés de véritables moyens pour enquêter et assurer la sécurité des étudiants juifs. Bref, l'État et les collectivités doivent mettre en place un véritable plan de lutte contre l'antisémitisme, des réseaux sociaux à l'école en passant par l'espace public. Dépassons le stade des discours et des bonnes intentions, soyons dans l'action !

Au-delà de politiques publiques ambitieuses, nous devons être intraitables face aux dérives et manquements. Certaines prises de position et discours, sous couvert de défendre la cause, par ailleurs légitime, palestinienne, constituent un terreau fertile pour amalgamer la politique extrémiste du gouvernement israélien avec Israël ou la judéité en général, y compris celles des citoyens français, et donc libérer la parole antisémite. Être au clair sur l'antisémitisme n'est pas négociable pour les Écologistes. Cela nous oblige à regarder la réalité en face. Oui, le développement d'une extrême droite violente est préoccupant. Oui, aussi, les pics d'antisémitisme en France et en Europe à chaque reprise du conflit en Israël-Palestine trouvent d'autres sources d'explication, notamment dans la minimisation, l'excuse de l'antisémitisme, voire la culpabilisation des Juifs.

Notre camp politique est celui de la Révolution qui a donné la citoyenneté aux Juifs, celui de la Gauche dreyfusarde, celui de la Résistance. Notre camp politique est celui de la lutte résolue et non négociable contre l'antisémitisme. Notre camp politique est celui qui appelle à l'égalité, à la paix au Moyen-Orient comme dans notre pays. Il n'est pas celui des hésitations ou de l'aveuglement. Alors, nous l'affirmons : quand un citoyen juif est attaqué c'est la République tout entière qui est menacée.

Face à la haine antisémite, face au dévoiement de la légitime cause palestinienne pour servir une idéologie antisémite, face à l'inaction, à la complaisance ou à l'instrumentalisation d'une partie de la classe politique, les Français juifs doivent le savoir, ils nous trouveront toujours, nous, les Écologistes, à leurs côtés.

A lire dans Le Point.

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