« Le nucléaire est une solution lente et lourde »

Dans une interview à Libération, David Cormand, eurodéputé EE-LV, réaffirme son opposition à l’énergie nucléaire et prône plutôt sobriété et développement des énergies renouvelables.

Extraits 👇

Peut-on être écologiste et en faveur du déploiement de l’énergie nucléaire ?

L’écologie est, de mon point de vue, une proposition politique globale Sur la question énergétique, nous préconisons des solutions qui permettent de réduire nos émissions de carbone dans les meilleurs délais possibles. Pour cela, nous disposons de deux leviers : la sobriété et les énergies renouvelables qui peuvent être déployées rapidement.

Si on veut réduire de 50 % les émissions d’ici à 2030, aucune nouvelle centrale nucléaire ne pourra aider à atteindre cet objectif, car la construction d’une centrale prend entre 15 à 20 ans. La question du coût est aussi importante : le nucléaire coûte cher. Enfin, nous sommes dans un contexte géopolitique peu compatible avec une utilisation sécurisée du nucléaire qui exige une stabilité sans faille de la chaîne de décision et d’expertise sur plusieurs décennies.

Reste que le nucléaire est l’une des énergies les moins carbonées…

Personne ne le conteste. Néanmoins, lorsqu’on jauge l’intérêt d’une source de production énergétique, différents critères sont à prendre en compte. Le nucléaire n’est pas adapté à la vitesse avec laquelle nous devons mettre en œuvre la transition énergétique, c’est une solution trop lente et trop lourde, hors délai et coûteuse. Assumons de confronter les inconvénients du nucléaire par rapport à d’autres solutions qui désormais existent et ne cessent de se perfectionner alors que le nucléaire n’a pas connu d’amélioration technologique majeur depuis quarante ans.

Les épisodes prolongés de sécheresses peuvent-ils poser problème pour refroidir les centrales nucléaires ?

Evidemment. La question du manque d’eau se pose et celle de son utilisation par les centrales nucléaires également. Après avoir refroidi le réacteur, l’eau remise en circulation dans l’environnement est plus chaude. Cela impacte les milieux naturels déjà soumis à d’autres pressions anthropiques.

Les centrales en bord de mer posent un autre problème : l’évolution prévisible des traits de côte [la limite entre la terre et la mer, ndlr] et la hausse des niveaux des océans. Non seulement le nucléaire n’est pas une réponse adaptée à une lutte rapide contre le changement climatique, mais les conséquences du changement climatique représentent des handicaps supplémentaires pour le nucléaire.

Comment rendre l’énergie plus accessible aux plus modestes sans faire appel au nucléaire ?

Par les économies d’énergie : isolation, moyens de transport alternatifs à la voiture individuelle, baisse des prix des transports collectifs et par le développement des renouvelables puisque le prix au MWh de l’électricité produite par les énergies renouvelables est désormais moins élevé que celui issu des nouvelles centrales nucléaires : autour de 120 euros le MWh issu des EPR contre 50 à 90 euros pour l’éolien ou le photovoltaïque. Enfin, il faut mettre en œuvre une tarification sociale avec, par exemple, des premiers kWh gratuits pour les foyers modestes

Cet automne, le gouvernement présentera son projet de loi de programmation énergie-climat, qui doit fixer les trajectoires des différentes sources d’énergie. Qu’en pensez-vous ?

Le gouvernement a déjà fait le choix du nucléaire et il peut compter sur les voix du LR et du RN pour le soutenir. Dès lors, il restera à discuter la fusion entre l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) annoncée par la présidence de la République.

La fusion de ces deux institutions, chargées de la sûreté nucléaire, serait une lourde faute qui fragiliserait de manière irréversible la sécurité des Français.es face à la menace d’une catastrophe nucléaire dans notre pays.


Interview complète à lire sur le site de Libération (abonnés).

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