Corruption : en 2023, le Parlement européen doit « sortir de sa zone de confort »
Le scandale de corruption d’élus au Parlement européen par le Qatar et le Maroc a éclaté à dix-huit mois des élections européennes. Alors que toute l’UE est éclaboussée, l’hémicycle compte-t-il réagir pour de bon, face aux pratiques opaques du lobbying ? Pour Mediapart, David Cormand appelle le Parlement européen à « sortir de sa zone de confort ».
Extraits 👇
La présidence du Parlement européen espère que l’opération ne sera qu’une formalité : les eurodéputé·es devraient lever, au plus tard la semaine du 13 février, l’immunité de deux de leurs collègues sociaux-démocrates compromis dans l’enquête pour corruption impliquant le Qatar et le Maroc.
La présidente de l’institution, Roberta Metsola, présentera la demande officielle des autorités belges, qui vise le Wallon Marc Tarabella et l’Italien Andrea Cozzolino, lors de la séance plénière qui s’ouvre lundi 16 janvier à Strasbourg. Cela lancera la procédure jusqu’à la très probable levée de l’immunité.
Après avoir multiplié les promesses de réforme lorsque le scandale a éclaté à la mi-décembre, la conservatrice maltaise Metsola doit désormais prouver qu’elle maintient la pression, au-delà de l’effet de sidération de la fin de l’année 2022.
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« Le Parlement met en scène sa volonté d’être exemplaire, il a destitué très rapidement la vice-présidente grecque [Eva Kaili, en détention – ndlr], il a adopté en décembre une résolution très, peut-être trop consensuelle, avance David Cormand, eurodéputé EELV. Mais j’ai aussi le sentiment, déjà, d’un retour à une forme de “business as usual”. »
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« L’Europe était cryogénisée depuis le non au TCE [Traité constitutionnel européen, rejeté par référendum en 2005 par la France et les Pays-Bas - ndlr], juge de son côté David Cormand. Et là, nous avons obtenu un emprunt mutualisé sous l’effet du Covid. Nous avons bouclé le Brexit. La guerre en Ukraine a suscité la prise de conscience a minima de la nécessité d’une diplomatie européenne… L’UE connaît un vrai moment politique depuis quelques années, et cela doit conduire ce Parlement à se politiser. »
Dans la bouche de David Cormand, « se politiser » consiste pour l’hémicycle à « sortir de sa zone de confort » – en clair, abandonner pour de bon cette grande coalition gauche (S&D)–droite (PPE), arbitrée par les libéraux de Renew (dont LREM), qui asphyxie nombre de débats et gèle les votes. Cormand imagine, pour le prochain mandat, une coalition « progressiste », qui irait des libéraux à la Gauche, passant par les Verts et les sociaux-démocrates.
Mais c’est plutôt le spectre d’une alliance inédite des droites et extrêmes droites, sur le modèle de ce qui se déroule en Italie depuis l’élection de la post-fasciste Giorgia Meloni en septembre, qui inquiète nombre d’observateurs. En ce début d’année, Silvio Berlusconi en personne a réactivé ce projet, en vantant les mérites d’une fusion de toutes les droites italiennes, de la droite post-fasciste à la droite traditionnelle, en un seul parti qui concourrait aux européennes de 2024.
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