PAC, libre-échange : en Europe, droite et extrême-droite votent contre les paysans
Depuis le début du mouvement des agriculteurs, droite et extrême-droite ne cessent de leur clamer leur soutien. Pourtant, au Parlement européen, ils ont voté en faveur de la PAC sans s’opposer aux accords de libre-échange. Reporterre enquête sur les double-discours des politiques vis-à-vis de l’agriculture.
Extraits 👇
Pour David Cormand, c’est « le bal des faux culs » : « Jordan Bardella surfe sur ce mouvement social mais en réalité, il n’en a que faire. » Preuve en est, pour l’élu, sa non-implication dans les commissions portant sur l’agriculture, le libre-échange et l’environnement. « S’il veut vraiment s’opposer aux réformes écologistes, qu’il vienne peser en siégeant réellement. Pour l’heure, il brille par son absence. »
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Autre preuve, s’il en fallait, de ce retournement de veste : un amendement débattu en octobre 2020, visant à plafonner les aides de la PAC à 60 000 € par an. « L’objectif était d’assurer une meilleure distribution des subventions, pour ne pas abandonner sur le bas-côté les petites fermes, précise David Cormand. Et qui s’y est opposé ? » L’ensemble de la droite, de l’extrême droite et 21 députés du camp présidentiel sur 23. « Rejeter ces propositions, c’est accentuer l’industrialisation de l’agriculture. Les géants de l’agroalimentaire et de la grande distribution ne peuvent que s’en réjouir. »
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Trois ans plus tôt, au Parlement européen, les écologistes avaient par ailleurs porté un amendement visant à « renégocier intégralement la politique commerciale de l’Union afin de veiller au plein respect de l’accord de Paris et des normes de l’OIT », régissant les droits fondamentaux au travail. « En d’autres termes, il s’agissait de mettre un coup d’arrêt aux multiples signatures d’accords de libéralisation du commerce, affectant les droits humains et l’environnement », précise l’eurodéputé David Cormand.
Soutenu à l’unanimité par les insoumis, les socialistes et les écologistes français, l’amendement fut néanmoins rejeté par la République en marche et les Républicains. Quant au Rassemblement national, celui-ci ne s’est pas mouillé. « La question du libre-échange divise terriblement l’extrême droite, et les eurodéputés parviennent rarement à s’accorder… alors le plus souvent, ils s’abstiennent, analyse Marie Toussaint. On voit bien là leur double-discours. Celui devant les agriculteurs, et celui devant les urnes. »
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