Eurogroupe : l’Europe doit choisir la solidarité
L’épidémie de coronavirus a des conséquences économiques graves et confronte l’Europe à des choix essentiels qui détermineront son avenir. David CORMAND appelle à des mesures extraordinaires et audacieuses pour bâtir une réelle solidarité européenne et poser les bases d’un monde nouveau.
Ce jeudi 9 avril, les ministres des finances de la zone euro se réunissent à nouveau pour tenter de déterminer enfin une réponse à la hauteur à l’urgence sanitaire et économique.
La situation actuelle appelle des mesures extraordinaires et audacieuses, mais celles présentées aujourd’hui sont tirées de l’ancien monde. Les ministres souhaitent mobiliser le Mécanisme européen de solidarité (MES), un fonds de garantie de la BEI et le mécanisme SURE proposé par la Commission au début du mois. Rien sur la solidarité entre États, rien sur le soutien direct aux salarié·e·s et aux petites entreprises impactées par la crise. Le monde d’après ressemble furieusement au monde d’avant.
Pourtant, il est plus que jamais nécessaire de bâtir une réelle solidarité européenne face aux répercussions de cette crise, ainsi que de poser les bases d’un monde nouveau et respectueux de l’environnement.
La création d’obligations communes entre États membres permettrait par exemple de mettre en commun les dettes nationales, afin de permettre aux États les plus en difficulté d’emprunter à des taux bien plus bas que s’ils avaient emprunté en leur nom propre. Ces « eurobonds » sont une solution de court terme mais aussi de long terme : ils seraient bénéfiques pour les États les plus durement touchés par l’épidémie tout en limitant leur surendettement, et ainsi dans une perspective plus longue, ils offriraient une stabilité accrue à la zone Euro.
De son côté la Banque centrale européenne a un rôle crucial à jouer : elle peut annuler une partie de la dette des États, afin de desserrer l’étau budgétaire. Elle devrait également être autorisée à prêter de l’argent directement aux banques publiques.
La mise en place d’un fonds de garantie doit absolument être accompagnée de conditionnalités vis-à-vis des prêts accordés par la Banque européenne d’investissement. La transformation de celle-ci en une banque du climat ne doit pas être repoussée à plus tard, c’est au contraire dès maintenant qu’il faut s’assurer que les montants prêtés viennent en aide aux petites entreprises, et qu’ils contribuent à nos objectifs climatiques.
Enfin, cette situation inédite met en difficulté nombre de travailleuses et de travailleurs. Le mécanisme SURE prévoit des lignes de crédit supplémentaires pour les États afin de financer leur dispositifs de chômage partiel, mais cela n’est pas suffisant : nous demandons avant tout la mise en place d’un régime de réassurance chômage européen, c’est à dire un mécanisme stabilisateur qui permette de renflouer automatiquement les caisses d’assurance chômage en cas de crise.
Cette crise sanitaire confronte l’Europe à des choix essentiels qui détermineront son avenir : plutôt qu’une Europe technique, où les lois qui s’appliquent ne seraient que les lois du marché, votées par personne, il est possible de faire le pari de l’union, d’une Europe stable parce que solidaire, où les banques et les budgets seraient d’abord au service de la santé, du bien-être et de l’avenir des Européennes et des Européens