Chapelle Darblay : « Moins de blabla, plus de résultats, Monsieur Macron »

La direction d’UPM France a annoncé vendredi 15 octobre la vente du site de la Chapelle Darblay près de Rouen à Samfy/Paprec contre le projet concurrent porté par Veolia.

Le groupement Samfy/Paprec propose un projet de production d’hydrogène couplé avec une activité de tri des déchets papiers et plastiques.

Ce projet, en apparence écologique, ne répond absolument pas aux besoins de la filière française de recyclage du papier. Le risque est de voir au mieux nos papiers à recycler partir en camion pour l’Allemagne ou en bateau pour la Chine, au pire de finir en incinération lorsque la demande de ces matériaux diminuera.

La décision d’UPM est d’autant plus inacceptable qu’il existe un projet alternatif solide porté par Veolia, permettant de fabriquer 400.000 tonnes de cartons d’emballage à partir de cartons et papiers recyclés.

Veolia est le numéro 1 mondial de l’eau et des déchets et bénéficie du soutien de « Fibre Excellence », premier producteur de pâte à papier marchande en France. L’entreprise porte un projet solide et rentable de production d’emballages en carton et papier kraft représentant 250 emplois. Pour mémoire, avant sa fermeture, l’usine de la Chapelle Darblay offrait un débouché à 30 % de l’ensemble des papiers triés par les ménages français.

Le contexte est d’autant plus regrettable que l’État avait indiqué s’engager sur ce dossier pour trouver une solution à la menace qui pesait sur la filière française du papier recyclé.

Force est de constater que le Gouvernement n’a pas fait son travail en laissant l’industriel choisir entre les deux projets. UPM est connu pour ne jamais céder un site à un industriel de la filière papetière. L’entreprise est même allée jusqu’à saboter ses propres machines comme sur le site de Docelles fermé en 2014.

Au minimum, le Gouvernement a fait preuve de naïveté, mais on est en droit de s’interroger sur sa duplicité dans ce dossier.

En effet, le projet de production d’hydrogène ne peut voir le jour sans des subventions de l’État françai et de l’Europe. Samfy/Paprec prétendent pouvoir bénéficier d’aide du plan hydrogène français doté de 7 milliards d’euros et du Green Deal européen.

Par ailleurs, la France s’apprête à prendre la présidence de l’UE qui soupçonne UPM de s’entendre avec ses concurrents pour manipuler le prix du papier.

Mobiliser des fonds publics français et européens pour détruire une filière qui préserve l’environnement, tout en servant d’alibi à une entreprise aux pratiques douteuses, est incompréhensible.

Monsieur le président de la République,

Vous avez à plusieurs reprises annoncé vouloir faire de la France un pays exemplaire en matière de préservation de l’environnement. Récemment, vous avez annoncé un plan de 30 milliards pour l’industrie française.

Sur la métropole de Rouen existe un fleuron de l’industrie française qui contribue à la préservation de l’environnement.

Confronté à la duplicité d’UPM, la Métropole de Rouen a pris ses responsabilités en annonçant qu’elle ferait jouer son droit de préemption pour empêcher la transaction avec Samfy/Paprec.

Elle démontre que la politique ne se limite pas aux beaux discours, ni au rôle de spectateur, mais trouve ses lettres de noblesse dans l’action.

La Métropole de Rouen a pris ses responsabilités, le moment est venu pour l’État d’en faire de même.

Le droit de préemption n’englobe pas les machines de l’ancienne usine d’UPM. Seul l’État est à même de faire pression sur l’industriel pour qu’il ne détruise pas les machines. Elles sont indispensables au projet porté par Veolia qui, est-il utile de le rappeler, n’est pas en concurrence avec les activités actuelles d’UPM.

Moins de blabla et plus de résultats, Monsieur Macron.

L’État doit dénoncer l’offre Samfy/Paprec qui ne porte aucun projet industriel structurant. Il doit également affirmer sans ambiguïté son soutien au projet Veolia, qui est le seul à même d’assurer la pérennité de la filière française de recyclage de papier.

Vous voulez préserver l’environnement et l’industrie française, Monsieur Macron ? Donnez du sens aux gestes de tri de nos concitoyens en soutenant le projet de reprise de l’usine Chapelle Darblay porté par Veolia et appuyé par « Fibre Excellence ».

David Cormand
Députée européen

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