L’État sacrifie les forêts et fait les poches des communes
Nos forêts sont en danger, menacées par le dérèglement climatique qui multiplie les incendies, les épidémies et favorise le développement des espèces invasives. Menacées également par une conception industrielle de la forêt, surexploitées pour des rendements à court terme.
Ces déséquilibres ont récemment été mis en lumière avec la pénurie de bois de construction qui paralyse la filière du bâtiment et retarde les chantiers de nombreux particuliers.
Pourtant, loin d'en tirer les leçons en décrétant un plan Marshall pour la forêt, l’État fait l'exact inverse en poursuivant le démantèlement de l’Office National des Forêt (ONF) qui gère les forêts publiques de l’État et de nombreuses collectivités locales.
En effet, l’État vient d'annoncer la suppression de 500 nouveaux emplois sur les 8.400 que compte l'ONF. L’Office se retrouve ainsi avec la moitié des effectifs dont il disposait en 1985 pour gérer des forêts en bien meilleur état sanitaire qu'aujourd'hui.
Faire plus avec moins, cela s'apparente à une mission impossible.
Cela ne peut conduire qu'à l'abandon progressif par l'ONF des missions non commerciales : protection de la biodiversité, adaptation des essences d'arbres au dérèglement climatique, gestion des forêts communales etc.
A contrario, il est à craindre que l'ONF s’engage dans une fuite en avant avec la surexploitation des forêts dont il a la gestion pour tenter de rééquilibrer ses comptes.
Comble de cynisme, alors que l’État réduit les moyens de l'ONF, il décide unilatéralement dans le même temps d’accroître la contribution des communes à son fonctionnement.
Les communes forestières devront payer plus pour un service réduit !
L’État semble avoir perdu toute boussole en déconnectant complètement ses actes de ses discours.
Il démontre son indifférence aux alertes du GIEC et il n'a pour seule ligne directrice qu'une gestion financière à court terme jusqu’à l'absurde.
Il faut par ailleurs noter que cette mesure revient à sanctionner des communes qui assument déjà sur les territoire la présence de forêts qui, si elles contribuent au bien commun, à la beauté des paysage et à la qualité du cadre de vie n’alimente pas les recettes des communes autant que de l’urbanisation. Ainsi, dans ma commune, Canteleu, si 70% du territoire communal est constitué de forêts, 65% des logements relèvent du logement social. Le choix qui est fait d’accueillir des familles des classes populaires sur un territoire en écologiquement préservé ne doit pas être sanctionné par les politiques du Gouvernement, mais au contraire encouragé et valorisé.
Les petites économies d’aujourd’hui de Bercy peuvent se transformer en catastrophes de demain et en dettes abyssales pour les générations futures.
Il est urgent de tirer les leçons du passé.