Interdiction de l’obsolescence prématurée : « Un signal fort pour notre marché intérieur »
Mercredi 20 septembre, à l’issue d’un trilogue conclusif, la Commission, le Conseil et le Parlement européens sont parvenus à un accord final sur la directive Donner aux consommateurs les moyens d'agir dans la transition. David Cormand, député européen, a participé aux négociations avec le Conseil au nom des Verts/ALE. Il réagit à cet accord pour l’AFP.
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« Produit vert », « biodégradable », « neutre pour le climat », « écologique »… Vous reconnaissez sûrement ces affirmations qui pullulent sur les étiquettes et dans les publicités, promettant un achat responsable à l’ère du réchauffement climatique. Pourtant, certains de ces prétendus mérites verts ne reposent sur aucun fait. Elles devraient bientôt être interdites.
Les eurodéputés et les Etats membres de l’Union européenne se sont mis d’accord dans la nuit du mardi 19 au mercredi 20 septembre pour bannir ces allégations environnementales « génériques », vagues et trompeuses, tout en luttant plus efficacement contre l’«obsolescence» prématurée des produits.
Compensation carbone inefficace
Le texte conclu par les négociateurs du Parlement européen et du Conseil européen oblige que de telles expressions soient désormais accompagnées de preuves détaillées. Le document interdit également les allégations d’impact environnemental neutre ou positif fondées uniquement sur la compensation des émissions carbone - qui revient souvent à des plantations d’arbres, pratique inefficace par rapport à la réduction directe des émissions de CO2 de l’entreprise.
Pour lutter contre «l’obsolescence précoce», d’autres «pratiques trompeuses» seront désormais bannies, comme les affirmations non étayées sur la durée de vie alléguée du produit ou le fait de présenter un bien comme réparable alors qu’il ne l’est pas ou difficilement. La législation interdit également les mécanismes incitant à remplacer plus tôt que nécessaire les « consommables », comme les cartouches d’encre d’imprimante, par exemple, les mises à jour logicielles inutiles, ou l’obligation injustifiée de devoir acheter des pièces de rechange ou accessoires auprès du producteur d’origine au détriment d’autres fabricants.
Seuls seront autorisés les labels de durabilité fondés sur des systèmes de certification approuvés ou établis par les autorités. Un nouveau label harmonisé européen sera élaboré pour attester d’une durée de garantie étendue au-delà des délais réglementaires, et les informations sur la garantie devront être plus visibles, alors que de nombreux consommateurs ignorent les obligations légales existant dans ce domaine.
« Cela permettra d’indiquer clairement quels produits durent le plus longtemps, facilitant l’achat de produits plus durables », souligne l’eurodéputée socialiste croate Biljana Borzan, rapporteure du texte. « C’est la première fois qu’un texte interdit la pratique de l’obsolescence prématurée et offre un recours concret aux consommateurs. Que la charge de la preuve repose enfin sur les vendeurs est un signal fort pour notre marché intérieur» , s’est félicité l’élu Vert David Cormand.
Le texte doit encore recevoir le feu vert formel des eurodéputés et des Vingt-Sept avant d’entrer en vigueur, avec un délai de deux ans pour transposition dans le droit des Etats. Il s’agit d’une première étape avant un second projet de législation plus ambitieux contre l’écoblanchiment. Proposé par la Commission en mars et encore en cours de négociations, il vise à interdire l’ensemble des affirmations qui ne seraient pas soutenues par des bases factuelles et scientifiques, disponibles via un QR code ou sur un site internet, avec des sanctions «dissuasives» en cas de manquement.
Dépêche AFP à retrouver notamment sur le site de Libération.