Bruxelles examine les soupçons de prise de contrôle anticipée de Vivendi sur Lagardère
Vendredi 9 juin, la Commission européenne a autorisé la demande de fusion entre les groupes Vivendi et Lagardère. David Cormand prend acte de cette décision, mais il a demandé, par un courrier envoyé à la vice-présidente en charge de la concurrence, Margrethe Vestager, de clarifier certaines zones d’ombre de ce dossier, notamment les accusations de prise de contrôle anticipée (gun jumping) relayées dans la presse à l’égard du groupe Vivendi. Le Monde s’est fait l’écho de ce courrier.
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De son côté, l’eurodéputé David Cormand (Verts/Alliance libre européenne) a envoyé un courrier, mardi, à Mme Vestager, en lui faisant part de « préoccupations » sur les « allégations de “gun jumping” [le nom utilisé dans le jargon bruxellois pour décrire les prises de contrôle avant l’aval de la Commission] ». Il rappelle que « la presse a largement documenté les rapprochements entre les deux groupes, qu’ils soient éditoriaux ou même physiques, et le risque que ceux-ci pouvaient faire peser sur le fonctionnement du marché ».
Les soupçons de porosité entre les deux groupes pèsent dans l’édition et, de façon beaucoup plus visible, dans les médias. Depuis le printemps 2021, l’ère Bolloré semble avoir marqué en profondeur la gestation de la grille de programmes d’Europe 1 et, depuis la rentrée 2022, celle d’Europe 2, qui accueille une matinale produite par Cyril Hanouna, animateur de C8, chaîne de la galaxie Bolloré.
Par ailleurs, la mainmise de Vivendi s’est déjà imposée à Paris Match, avec l’arrivée de Laurence Ferrari à la tête du service politique, mais aussi au JDD, qui a embauché Jérôme Béglé, chroniqueur sur CNews (chaîne du groupe Canal+ détenue par Vivendi), comme directeur général.
L’eurodéputé David Cormand souhaite savoir « si la Commission a eu connaissance d’un contrôle de fait qu’aurait exercé le groupe Vivendi sur le groupe Lagardère avant l’approbation de la fusion ou si elle compte mener une enquête à ce sujet ». La porte-parole de Vivendi précise pour sa part que le groupe n’a pas « pour politique de commenter les enquêtes en cours ou éventuellement à venir ». Elle ajoute que le groupe a « scrupuleusement respecté les règles et continuera à les respecter jusqu’à l’exécution des remèdes ».
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