IA : comment Cédric O, ministre devenu lobbyiste, a retourné le gouvernement

Comme secrétaire d’État chargé du numérique, Cédric O défendait la régulation de l’intelligence artificielle. Il conseille à présent l’inverse à Élisabeth Borne, en tant que lobbyiste du secteur, au nom de la principale start-up française. La Haute Autorité pour la transparence lui avait pourtant demandé de se tenir à l’écart des affaires publiques. Pour l’enquête de Mediapart, David Cormand comment ce troublant conflit d’intérêts.

Extraits 👇

En mars 2022, Cédric O en fait l’annonce avant même l’élection présidentielle. La politique, pour lui, c’est fini. Sitôt le (premier) quinquennat d’Emmanuel Macron terminé, le secrétaire d’État chargé du numérique quittera ses fonctions et la vie publique. « C’est très bien d’aller faire autre chose et de s’aérer l’esprit, lance-t-il. Et par ailleurs, j’ai envie de voir mes enfants. » En réalité, un an et demi plus tard, Cédric O n’a quitté ni la politique ni les lieux de pouvoir.

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Depuis la réélection d’Emmanuel Macron, l’ancien ministre n’a donc pas changé de vie, seulement de casquette. Il est désormais lobbyiste, engagé dans un combat acharné contre la volonté européenne de réguler le secteur de l’intelligence artificielle (IA) générative. « Je mène ce combat en respectant scrupuleusement les obligations que fixe la loi », affirme-t-il à Mediapart (lire ses réponses intégrales en annexe).

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Une conception des liens public-privé qui hérisse David Cormand, député européen et chef de file de la délégation française des écologistes à Strasbourg. « Pour eux, il n’y a même pas de sujet de conflits d’intérêts, accuse celui qui participe également au groupe de travail européen sur l’IA. Depuis 2017, ils considèrent que l’État et l’entreprise, finalement, c’est la même chose. Cédric O est le symbole de tout ça. C’est la république des marchés, une sorte de fusion-acquisition entre l’intérêt général et l’intérêt privé. Quand on leur dit qu’il y a un souci, on leur parle une autre langue. »


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