La météo est politique.

Ma plume transpire. La campagne des législatives vit ses dernières heures et s'achève sous des températures caniculaires qui font ressentir à chacune et chacun quelles réalités s'abritent derrière l'expression dérèglement climatique. La chaleur écrase tout.  Le temps qu'il fait peut fonctionner comme un accélérateur de la prise de conscience de la crise écologique globale. 

 

Mais sans un travail d'explicitation des causes et d'exposition des solutions à mettre en œuvre, le risque est que la fatalisme climatique l'emporte. Les scientifiques font leur boulot, en documentant la crise en cours et en préconisant des solutions pour l'amoindrir. Leur travail doit rencontrer une audience, et générer chez les politiques la volonté d'enclencher la bifurcation qui préserve notre avenir. Malheureusement il n'y a pas de lien mécanique entre la production des savoirs écologiques et la mise en place de politiques publiques permettant d'enrayer la crise environnementale. La multiplication des COP témoigne davantage de nos blocages et de notre impuissance à mettre en œuvre le changement que de notre capacité d'action.

 

Voilà pourquoi les discours sur le consensus écologique sont faux. Non , tout le monde n'est pas d'accord. Ni sur le constat, ni sur les solutions. Avez vous remarqué que l'écologie qui devait, selon Emmanuel Macron être le grand sujet de son deuxième quinquennat a été évacuée des discours macronistes au profit du bombardement de fake news sur la NUPES?

 

On me dira que si l'écologie a en partie disparue des discours, c'est davantage en raison de l'inflation et des préoccupations sociales qui en découlent. Et on aura tort.

 

Les questions sont imbriquées: le coût des matières premières, la question de l'autonomie alimentaire et du modèle agricole, le sujet de notre indépendance énergétique, sont autant de préoccupations ou les enjeux environnementaux, économique et sociaux sont indissociables. La segmentation obsolète des enjeux correspond précisément à la vision du monde qui produit la crise multidimensionnelle que nous vivons.  Un des enjeux de la campagne législative en cours, est donc de transformer les termes même du débat public en induisant une rupture avec le productivisme qui structure la vison orthodoxe du monde.

 

La Nupes est jeune encore: elle n'a pas encore tranché tous les débats ni porté tous ses fruits.  Mais grâce au travail des écologistes, le centre de gravité de cette alliance est plus écologique que celui des rassemblements précédents de la gauche et des écologistes.   L'histoire nous rappelle qu'aucune idée ne s'impose d'elle même. Toujours une force propulsive en assure la diffusion et la pénétration dans les esprits. Nous devons donc continuer la bataille culturelle pour faire progresser l'imprégnation écologique des consciences. 

 

J'écris ceci pour bien fixer l'esprit de notre participation à la NUPES: elle n'est pas un passeport pour la dissolution de l'écologie dans le chaudron des gauches, mais bel et bien une étape nécessaire dans la constitution d'un bloc politique écologiste majoritaire. La campagne a montré une fois encore que les macronistes font bien peu de cas des enjeux écologiques. Si bien que le vote de celles et ceux que préoccupent les menaces sur le climat, l'effondrement de la biodiversité, la raréfaction des ressources hydriques,  la pollution de l'air doivent se tourner vers la coalition de la NUPES, qui elle, a constitué ces sujets en piliers de son approche programmatique.

 

La campagne se finit et il ne reste que quelques heures pour convaincre de se déplacer dimanche.  J'en reviens donc au début de ma note de blog en suggérant de s'appuyer sur la réalité commune vécue par le pays dans son ensemble. L'épisode de chaleur n'est pas une sinécure. Les ouvriers sur les chantiers souffrent. Les enfants dans les écoles subissent l'inadaptation des locaux scolaires aux températures record que nous subissons. Les villes ou le bitume a mangé tous les espaces verts en déplorent l'absence. Et ainsi de suite. Bref, la stupidité écologique du modèle actuel peut apparaître au plus grand nombre. 

 

Les volets fermés peuvent rendre les esprits ouverts. Sous nos yeux, se déploie la preuve que l'inaction climatique du gouvernement est coupable. Alors engageons le débat.  Faisons entendre notre voix.  Et menons campagne jusque dans les derniers instants.   La météo est politique.

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Parlement Européen: scènes de la bataille du climat.