On a toutes et tous une bonne raison de voter pour la NUPES
Les mémoires les plus anciennes le savent : depuis des décennies, nous étions privés de vraies campagnes législatives. Le résultat de ces élections était de fait connu avant même qu’elles aient lieu. Cette fois, il y a match. La situation politique spécifique de la période, la tripolarisation du paysage politique, le caractère inédit de la coalition proposée par les forces de la gauche et des écologistes, comme le chaos qui accompagne le début du deuxième mandat d’Emmanuel Macron, rendent possible une alternative.
Pour l'emporter, ou même seulement pour s'opposer avec sérieux et détermination, nous devions additionner nos forces. C’est l'indépassable réalité électorale de ces législatives. Alors nous voilà rassemblés. Pour celles et ceux qui n'iraient pas au bout de cette note, je résume donc d'emblée l'enjeu : si toutes les personnes qui ont choisi le 10 avril dernier Mélenchon, Jadot, Roussel ou Hidalgo, votent les 12 et 19 juin prochains pour les candidat·e·s de la NUPES, il y a aura une majorité à l’Assemblée nationale pour mettre en œuvre un projet qui recouvrira grosso modo entre 80 et 90 % des aspirations qui étaient les vôtres lorsque vous avez voté au premier tour des élections présidentielles. Qui dit mieux ?
Je n'ignore pas que la politique ne relève pas simplement des lois de l'arithmétique. Les interrogations philosophiques soulevées par le débat politique méritent toujours d'être débattues avec rigueur. Les réalités sociologiques ne doivent jamais être oblitérées quand il s'agit de mesurer la portée de telle ou telle mesure programmatique. Aucune complexité ne doit être mésestimée. Et moult autres aspects, relevant à la fois du rationnel et de l'émotionnel, doivent être pris en compte. Chacune de nos différences peut être soupesée au trébuchet de nos consciences. Mais à la fin, il faut faire nombre.
Nous avons l'occasion, en tant qu’écologistes, de peser sur l'avenir de notre pays. Certes moins que ce que nous avons espéré avant les résultats de la présidentielle, mais plus que nous ne l’avons jamais fait auparavant. Si par bonheur, une majorité NUPES sort des urnes le 19 juin, le groupe écologiste sera, comme les autres groupes, charnière dans cette majorité.
C’est une garantie de démocratie et de renforcement du rôle du Parlement. C’est aussi mettre l’écologie en position de pivot des 5 années qui viennent. Le moment que nous traversons le demande : des décisions essentielles doivent être prises d'urgence. Il faut donc forcer la fortune à nous sourire en répondant avec audace à la question politique posée par les législatives. L'audace dont je parle est le choix de faire coalition après avoir avancé sous des drapeaux différents en avril dernier. Si la présidentielle a envoyé Emmanuel Macron à l'Élysée, les législatives doivent pour leur part, en déterminant quelle majorité parlementaire émergera, établir une représentation politique du pays. Il est d'ailleurs à déplorer qu'aucune proportionnelle ne permette de représenter avec justesse la diversité des courants d'opinion. Chaque parlementaire écologiste ou de gauche comptera double dans les batailles à venir. Au mieux, en défendant ses propres options dans le cadre d’une majorité gouvernementale partagée. Au pire, en permettant de s'opposer à la politique défendue par le Président de la République.
Je vois quelques bouches se tordre, parfois jusqu'au rictus, à l'évocation de l'alliance que nous venons de contracter. Des insoumis bougonnent, des socialistes avalent de travers, des écologistes maugréent, des communistes prennent double ration de saucisses pour faire passer l'amertume. C'est que les différentes familles de la gauche et des écologistes, reconnaissons-le, ont davantage eu l'habitude ces dernières années de soliloquer dans leurs couloirs respectifs que de dialoguer. Et d’ailleurs, pour aller jusqu’au bout de la nécessaire franchise de ce billet, votre serviteur n’a pas été le dernier à privilégier l'affirmation de la singularité de notre proposition politique à la recherche permanente de synthèse. Pour de bonnes raisons. Les débats qui nous traversent sont en effet vifs et importants. J'ai trop écrit, ici même, sur nos divergences pour feindre désormais de les méconnaître. Que soient rassurées les personnes qui s'en inquiéteraient, je n'abjure rien. Ni ma conviction que l'écologie politique introduit une rupture dans l'histoire des idées, et singulièrement dans celle de la Gauche, ni le fait qu'elle n'est pas soluble dans les traditions qui l'ont précédé. Notre inscription dans une alliance électorale ne signifie pas notre disparition. Le temps n'est plus où l'écologie baissait pavillon devant des partenaires hégémoniques. Nous ne serons plus les supplétifs de quiconque.
J'affirme au contraire que notre autonomie de pensée et d'action est déterminante pour la NUPES. Car ce que nous portons en propre, est essentiel. C'est vrai évidemment sur les sujets environnementaux où personne ne peut discuter notre expertise, mais également sur les questions européennes, où notre formation entend continuer à jouer un rôle cardinal. Notre programme ne fait pas sens dans un seul pays. La lutte pour le vivant en général et l'émancipation humaine en particulier demandent d'agir à la bonne échelle. Tout démontre que l’avenir en commun, si j’ose dire, se jouera au niveau européen. Or la scène change. On ne peut pas infiniment rejouer le film du traité constitutionnel de 2005, en fossilisant les postures d'alors. L’Europe a évolué plus rapidement ces deux dernières années qu’elle ne l’avait fait depuis vingt ans. Dette Covid mutualisée, suspension des règles d’austérité budgétaire, lutte contre l'illibéralisme, guerre en Ukraine : dans les crises, la politique reprend ses droits. Elle s’impose même dans les interstices, hier encore invisibles, de structures conçues pour y être hermétiques. L'Europe est plus que jamais un combat.
La France doit donc absolument être offensive dans ce momentum européen où beaucoup se joue. Alors que faire ? Pour les écologistes et la gauche, il faut abandonner à la fois la posture jadis résignée des sociaux-démocrates, et la tentation anti-européenne dépressive de la gauche populiste. Nous ne devons pas abandonner le discours européen à LREM dont le pseudo volontarisme affiché accouche d’une souris. Après une posture réformatrice, bien vite, LREM s’est vautrée dans le lit du statu quo au côté du PPE et des S&D qui font tout pour que rien ne change. La synthèse dynamique entre foi européenne et critique de l'Europe existante que nous portons depuis toujours est en réalité la seule voie politique possible. Le poids des écologistes (à la fois fédéralistes et déterminés à changer l’Europe) dans la coalition nouvelle que nous forgeons, est donc décisif.
Je sais bien que la NUPES est regardée du coin de l'œil par certains pro-européens qui se demandent, méfiants, qui a dupé qui dans notre alliance. La réponse est : « Personne ». L'accord électoral passé ne demande pas de renoncer à ce que nous pensons. La vie s'est déjà chargée de faire taire le chant des sirènes du plan B. Désormais, entre adultes consentants, il s'agit de se demander si une autre Europe est possible. À cette question, je réponds oui. Et j'affirme qu'au sein de la coalition qui sort de terre, nous sommes non seulement les initiateurs, mais aussi les gardiennes et les gardiens de cette possibilité. Notre identité européenne n'est ni négociable ni menacée. Personne ne nous demande de changer de religion. La NUPES n'est pas une caserne où chacun devrait obéir à je ne sais quel adjudant. C'est une coalition politique. Ni plus, ni moins.
Dans les quinze jours à venir, notre travail n'est pas de tirer sur les coutures de l’alliance pour éprouver sa solidité. Notre tâche, c'est de créer la dynamique, de faire converger les envies, de susciter de l'enthousiasme. De nous dire que tout bien considéré, aller de nouveau voter avec le sourire est déjà un pas décisif pour transformer nos espoirs en victoire. Et c’est déjà beaucoup dans un pays, la France, qui ne s’était pas vu proposer une telle possibilité politique depuis des décennies. Je m'adresse donc, pour finir, à qui hésite, rebuté par tel ou telle au sein de notre alliance. Par nature, par goût et par conviction, je préfère le long chemin de la vie des idées au raccourci des injonctions à marcher au pas cadencé. Mais disciplinons nos angoisses. Faisons taire nos peurs. Surmontons nos réticences. Et fabriquons par notre vote les conditions du changement. Nous avons la possibilité de bousculer l’inéluctable et d’imposer l’imprévu.
Militantes et militants des droits humains, activistes et citoyen·ne·s engagé·e·s pour la planète, retraité·e·s inquiet·e·s pour notre avenir et pour celui de nos petits enfants, chômeurs, chômeuses, intérimaires, travailleurs et travailleuses de première ligne, intermittent·e·s, entrepreneurs, patronnes ou patrons de PME, agents publics, fédéralistes, étudiant·e·s, féministes, parents, apprenti·e·s, cheminot·te·s, syndicalistes, paysannes et paysans, régionalistes, homos, lesbiennes, trans, ouvrier.e.s, précaires, universitaires, habitantes et habitants des villes comme des campagnes, des montagnes, des littoraux, des îles, nous avons toutes et tous une bonne raison de voter #NUPES ✌.
Alors faisons-le.